« Lève-toi, Pousse un cri dans la nuit au début de chaque veille ; déverse ton cœur comme l’eau

devant la face du Seigneur ; élève les mains vers lui pour la vie de tes petits enfants qui défaillent de faim à tous les coins de rue »

Lamentations 2,2.10-14.18-19.

Le livre des Lamentations comprend cinq chants de deuil (cinq chapitres) exprimés par le peuple juif demeuré à Jérusalem après la défaite et la destruction du Temple, du palais et des remparts par les troupes du roi de Babylone. Ils pleurent sur la ruine de Jérusalem (sous le nom poétique de Sion. Ils sont dans l’extrême de la détresse, au bord du gouffre spirituel. Ils ont tout perdu, ils pensent que Dieu les a abandonnés, qu’il est lui-même le grand ordonnateur de la défaite.

Le peuple en exil reconnaît, peu à peu, sa responsabilité dans la défaite. Assis au bord des fleuves de Babylone, il découvre peu à peu et reconnait que sa faute est grande et qu’il n’a pas obéi à la Loi de l’Alliance avec le Seigneur. Guidé par des prophètes comme Ézéchiel, parti avec la première vague d’exilés et 597 avant J.C. et rejoint pas la deuxième vague en 587, il revient sur lui-même et fait la vérité. À partir de cette vérité, l’espoir peut renaître. Plus tard viendra le prophète dont Isaïe 40 – 55 rapporte les oracles et le peuple, spirituellement transformé, se préparera au retour.

Mais à Jérusalem la ruine est là, la famine aussi. Cependant, il n’est resté aucun prophète. Jérémie a été emmené de force en Égypte. Les gens ont vu mourir les petits-enfants (Lamentations 2,11) et même – parfois – il a vu des mamans cuire leur bébés pour avoir quelque chose à manger (Lamentations 2,20)… Pour le peuple, « Le Seigneur a agi comme un ennemi » (Lamentations 2,5)

Le peuple se demande si Dieu est encore avec lui. A-t-il été complètement abandonné ? La colère de Dieu est-elle pour toujours ? La question est posée ici, comme dans le livre de Job et dans certains psaumes. Elle augmente encore la détresse.*

Cependant, nous le voyons ici, le poème invite à se tourner vers Dieu, malgré tout ! A le supplier, moins pour soi-même que pour les petits, les vrais innocents… nous trouvons là le début d’une espérance qui n’est pas morte, et que les poèmes suscitent en vérité :

« Mais voici la pensée qui me vient à l’esprit, voilà pourquoi j’espère :

La bonté du Seigneur n’est pas épuisée, il n’a pas fini de montrer son amour.

Chaque matin, sa bonté et son amour sont tout neufs

Oui, ta fidélité est immense !

Je me dis : « Le Seigneur est mon trésor’.

C’est pourquoi je compte sur lui » (Lamentations 3,21-24).

Là se trouve la vraie leçon du livre. Nous le lisons aujourd’hui, au terme de cette semaine où la lecture du Livre des Rois nous a raconté les deux défaites successives et les deux destructions, du Royaume du Nord avec sa capitale Samarie, en 721, et du Royaume du Sud avec sa capitale Jérusalem, en 587 avant Jésus-Christ . L’espoir vient lorsque je me souviens de tout ce que j’ai reçu de Dieu, de tout ce qu’il a été pour moi depuis le début, et de l’expérience que j’ai faite : Lui, il est fidèle, sa fidélité est immense !

Seigneur Jésus, Nous reconnaissons que comme le peuple juif, nous nous tournons trop souvent vers toi lorsque, à cause de nos péchés, nous sommes dans la détresse et l’effroi. Et en ce temps d’épidémie, c’est peut dire que de dire que nous ressentons notre misère et notre détresse. Nous te rendons grâce et nous bénissions ton Père car jamais vous ne refusez de nous consoler et de nous « ressusciter dans l’espérance ». apprends-nous surtout à rejeter tout ce qui crée la souffrance entre nous, ces péchés d’égoïsme, de volonté de pouvoir, de non-respect mutuel, d’éloignement de ta Loi d’amour.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane