Quand le lion a rugi…

PREMIERE LECTURE

MARDI DE LA TREIZIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

 

« Écoutez cette parole que le Seigneur prononce contre vous, fils d’Israël, contre tout le peuple qu’il a fait monter du pays d’Égypte :
Je vous ai distingués, vous seuls, parmi tous les peuples de la terre ;

aussi je vous demanderai compte de tous vos crimes. »

Amos 3,1-8 ; 4,11-12.

La 13ème semaine du temps de l’Eglise nous invite à nous rapprocher du prophète Amos. Hier, nous n’avons pas lu le premier texte choisi parce que c’était la solennité des Saints Pierre et Paul. Je vous invite d’ores et déjà – cela ne vous étonnera pas – à regarder dans votre Bible où se trouve le livre d’Amos. Et puis à regarder dans le livre des Rois ce qui concerne la période d’activité du prophète : période des rois Jéroboam II et Ozias. On peut aller voir dans le Livre des Rois ce qui est écrit sur ces deux rois et sur la période de leur règne ! Cf. 2 Rois 14,23-29.

Le prophète Amos poursuit son engagement contre le peuple d’Israël, en raison des injustices, des crimes et de l’idolâtrie (voir Amos 2,6-16, lecture du lundi de la treizième semaine du temps de l’Eglise). Cette fois-ci, il ne dénonce pas seulement les chefs de son peuple, mais le peuple tout entier. En quelque sorte, il manifeste que la solidarité est réelle entre les personnes et les peuples. Sans vouloir juger de la responsabilité personnelle d’un chacun, il affirme qu’il existe une responsabilité collective dont personne ne peut se détacher totalement.

Amos, quelques cent cinquante ans avant Jérémie, annonce un même malheur ! Les infidélités du peuple d’Israël (le Royaume du Nord) l’ont rendu incapable de se défendre contre ses adversaires. Parce que les gens sont infidèles, ils ne vivent plus selon la justice. Parce qu’ils a construit une société inégalitaire et inéquitable, ils sont plus unis. Parce qu’ils ne sont plus unis, ils ne peuvent pas tenir devant l’adversité. Dieu annonce la punition de tout cela : la défaite : « prépare-toi, Israël, à rencontrer ton Dieu ! »

Les prophètes ont cette double qualité que ce sont des hommes de Dieu – ils connaissent sa loi, ses pensées – et des hommes du peuple – ils connaissent et analysent la situation sociale, au regard de la loi de Dieu. Ils aiment Dieu et ils aiment les hommes. Ils ne peuvent pas se taire lorsque l’injustice et l’égoïsme minent la société.

Nous voudrions bien ne nous occuper que de nous-mêmes, mais nous ne le pouvons pas. Nous sommes des personnes, mais nous sommes membres les uns des autres, que ce soit en Eglise ou dans la société. Ce que nous faisons pour le bien commun augmente le bien-être de tous et ce que nous refusons de faire diminue le bien de tous. St Paul l’explique si bien dans la 1ère lettre aux Corinthiens, au chapitre 12. Au niveau social, deux exemples suffisent : l’impôt est un dû de justice. Quiconque s’en échappe blesse la société. Le vote est un devoir social. Quiconque s’en abstient réduit les chances d’un gouvernement de justice.

Il en va de même dans l’Eglise. Le pape François le rappelle sans cesse : nous ne nous sauverons pas tout seuls. Et là, nous pouvons relire la parole de Dieu : Je vous ai distingués, vous seuls, parmi tous les peuples de la terre. Même si nous savons que Dieu, en fait, aime tous les êtres humains, il nous a choisis pour que nous le connaissions et cela est un privilège extraordinaire ! Nous savons d’où nous venons (de l’amour de Dieu) et où nous allons (vers l’amour de Dieu) ! Le Denier de l’Eglise est aussi un dû à Dieu et à son Eglise. Cela nous donne une responsabilité beaucoup plus grande.

L’Eglise est si liée à nous que nous pouvons la rendre plus sainte par notre sainteté, ou plus pécheresse par notre indifférence et notre égoïsme. Voilà la grande leçon d’Amos aujourd’hui.

Seigneur Jésus, toi qui ne cesse de nous avertir, par l’Esprit Saint, par ta Parole de Vie, incarnée en Jésus, et par les prophètes et les pasteurs, nous te remercions. Éclaire notre conscience et notre regard pour que chacun de nous prenne toute sa place dans la construction de ton Royaume d’amour, de paix, de justice et de miséricorde

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane