Je relèverai la hutte de David

PREMIERE LECTURE

SAMEDI DE LA TREIZIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

 

« En ce jour-là, je relèverai la hutte de David, qui s’écroule ; je réparerai ses brèches, je relèverai ses ruines, je la rebâtirai telle qu’aux jours d’autrefois, afin que ses habitants prennent possession du reste d’Édom et de toutes les nations sur lesquelles mon nom fut jadis invoqué, déclare le Seigneur, qui fera tout cela. »

Amos 9,11-15.

Après plusieurs jours pendant lesquels Amos nous a exposés à des avertissements d’une très grande sévérité, voici aujourd’hui qu’il nous gratifie d’une promesse de restauration de la part de Dieu. Ainsi le Père agit comme un véritable parent : il est capable de sévérité parce qu’il considère de son devoir d’éduquer et d’avertir. Il sait que la conscience doit être formée et que la maîtrise de soi est un exercice de longue haleine.

Quelques détails étonnent cependant, dans ce chapitre. Le ministère d’Amos n’a presque jamais concerné le royaume de Juda (la « hutte de David »). La seule exception se trouve au chapitre 2,4-5. Mais cet oracle fait partie d’une série qui couvre la terre entière entourant le royaume du Nord (Amos 1,3 – 2,5) avant de se concentrer, d’une manière beaucoup plus instante, sur le Nord. De plus, c’est une promesse de restauration. Elle suppose qu’il y a eu défaite et désastre déjà. Dans cet oracle, Dieu ne promet pas de protéger mais de restaurer.

L’histoire des livres de la Bible est une histoire longue. Chaque livre a vécu après avoir été écrit dans des circonstances particulières. Il a été relu dans des situations nouvelles, et ces relectures, au fil des temps, ont parfois permis des « mise à jour » des « adaptations », des « nouvelles éditions augmentées »… il en va toujours ainsi lorsqu’un livre d’histoire est réédité ! Le livre « vit », la Parole « vit ». Aujourd’hui, par exemple, la crise écologique appelle à de nouvelles lectures de la Parole de Dieu, des interprétations nouvelles, nécessaires pour que le cœur de l’homme soit pris, éclairé, réchauffé, guidé, illuminé…

C’est ce qui s’est passé dans beaucoup de livre bibliques. Cela permet de comprendre que Amos 9,11-15. Ces lignes ont probablement été rajoutées bien après Amos, lorsque le livre, lu par les Juifs exilés à Babylone par exemple, ont vu dans Amos à la fois une explication de leur défaite – leur infidélité à l’Alliance, les injustices sociales – et un soutien à leur espérance : Dieu ne peut pas abandonner ceux qu’il a choisi parmi toutes les nations.

Si Dieu est sévère contre le péché, c’est d’abord parce qu’il aime. Il connait les conséquences désastreuse du péché, la division semée entre les personnes et les groupes, la jalousie meurtrière, la honte qui mine le cœur et l’esprit… la souffrance qui en résulte. Il aime, et n’aime pas voir souffrir et descendre aux enfers son enfant.

Mais parce qu’il aime, sa sévérité n’est là que pour sauver, à tout prix, restaurer la paix et la confiance, la joie et la sécurité. C’est le bonheur qu’il souhaite pour nous. Et il sait trop que le vrai bonheur ne peut se passer de la bonté, de la vérité, et de la beauté.

Dans un contexte culturel où tout vient directement de Dieu, il est clair que si le malheur est punition, alors le bonheur, la paix et la prospérité sont du domaine de la récompense. Dans la foi, j’affirme en effet qu’en toutes choses, Dieu est présent, avec son amour qui sauve et tire toujours le bien du mal.

Seigneur Jésus, ton Père a placé devant nous le bien et le mal, la vie et la mort. Tandis que la mort ne peut être que la conséquence de mes refus, je sais que la vie est le fruit de ta grâce. Je t’en prie, garde-moi du mal et accorde la paix à tous.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane