PREMIERE LECTURE

DIMANCHE DE LA QUATORZIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – A

 

« Pousse des cris de joie, fille de

Jérusalem ! Voici ton roi qui vient vers

toi : il est juste et victorieux, humble

et monté sur un âne tout jeune. »

Zacharie 9,9.

Comme le livre d’Isaïe, celui de Zacharie n’est pas l’œuvre d’un seul prophète. Il est composé de deux parties très distinctes dans le temps et par le message. Zacharie 1 – 8 rapport l’action d’un prophète de la fin du 6ème siècle avant Jésus-Christ, (vers 520 avant J.C.). Zacharie 9 – 14 est un document plus récent, qui pourrait avoir été rassemblé au moment où les armées d’Alexandre déferlent sur le Proche Orient (vers 332 avant J.C.). dans un monde en profond bouleversement, il s’agit de rassurer le peuple et de lui redonner l’espérance d’une intervention de Dieu pour le sauver. L’image d’un Messie, à la fois roi mais humble (9,9), berger attentif à ses brebis (11,15-17) personnage ou peuple souffrant mais transfiguré (12,10), toutes ces images sont rassemblées du passer pour annoncer à un peuple désemparé que Dieu ne l’abandonne pas mais tient dans sa main leur salut.

Les Chrétiens et les auteurs des différents livres du Nouveau Testament ont reconnu dans ces images un peu mystérieuses des expressions qui décrivaient bien la personne et le destin de Jésus : son humilité, son amour des brebis, l’offrande qu’il fait de sa vie, persécuté, mais dont le sang nous lave de nos péchés, humble l’un des plus récents prophètes du Premier Testament.  Ils ont vu dans Zacharie celui qui annonce à son peuple la venue du salut de Dieu sous une figure énigmatique qui rassemble à la fois la figure de David, un grand roi, et la figure de Jésus serviteur des serviteurs.

Car le Roi dont parle Zacharie ne vient pas sur un cheval mais sur un âne.

Dans le premier Testament, l’âne est un animal pacifique, juste et docile à Dieu, à défaut de toujours l’être à son maître. Car l’âne, loin d’être idiot, est un animal profondément intelligent, qui sait ce qu’il veut. On le voit dans l’histoire très intéressante de l’ânesse de Balaam (cf. Nombres 22,22-35). Le cheval, à l’inverse, est un animal de guerre, utilisé pour charger l’ennemi, le fer de lance de la cavalerie et pour tirer les chars (cf. Exode 14,5-9 ; 2 Samuel 8,4). Le pouvoir de ce roi, envoyé par Dieu, ne sera donc pas un pouvoir de domination, mais un pouvoir de service. Sion – Jérusalem – peut bien alors crier de joie : Dieu lui envoie quelqu’un pour la servir !

Jésus, au moment d’entrer dans la ville de Jérusalem, choisit précisément de monter sur un âne (cf. Matthieu 21,1-11) qui ne se prive pas de citer Zacharie dans son récit de l’entrée triomphale (cf. Matthieu 21,5). Jésus accomplit la prophétie et vient en roi- serviteur.

Là se découvre son cœur : Jésus vient comme un serviteur. Il manifeste son service à travers le lavement des pieds (Jean 13,1-20). Juste après, il déclare à ses disciples qu’il ne les plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que fait son maître. Il les appelle ses amis ! » (Jean 15,13-15). Merci au premier Testament et à ses prophètes d’avoir préparé le peuple de Dieu, pas à pas, à découvrir le vrai sens de la messianité de Jésus : celle de l’humilité, du service et de l’offrande de lui-même.

Seigneur Jésus, tu t’es fait si proche de nous que nous pouvons sentir battre ton cœur, pour nous, pour chacun de nous, et tu as pris notre humanité dans toutes ses dimensions. Tu viens à nous humblement et pacifiquement, tu pries pour nous, tu te réjouis de nos petites victoires sur le mal, tu ne veux pas garder dans le cœur nos échecs, nos erreurs ou nos fautes. Tu es venu pour que nous ayons la vie en abondance. Où pourrais-je aller, loin de toi ?

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane