Je vais l’entrainer au désert et lui parler coeur à coeur

PREMIERE LECTURE

LUNDI DE LA QUATORIZIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

 

« Mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur. Et là, je lui rendrai ses vignobles, et je ferai de la Vallée-du-Malheur la porte de l’espérance. Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse, au jour où elle est sortie du pays d’Égypte »

Osée 2,16.17b-18.21-22

Le prophète Osée, dont nous allons méditer des extraits pendant cette semaine était un contemporain d’Amos. Il vivait dans le même royaume du Nord (qu’on appelle aussi la maison d’Israël (Osée 1,4) de Jacob (Osée 12,3) ou d’Éphraïm (Osée 4,17), dont la capitale était Samarie. À l’époque où le prophète exerce son ministère, entre 750 et 723 avant J.C., le pays était prospère, mais corrompu par l’injustice envers les pauvres et par l’idolâtrie par le culte rendu aux dieux cananéens. Le fond du message d’Osée ressemble donc à celui d’Amos, car Dieu n’a pas deux paroles en même temps pour un même peuple. Il n’a qu’une parole. Si les prophètes se contredisent, c’est que l’un d’eux est un usurpateur. Il doit être mis hors d’état de nuire.

Le message est donc identique, c’est un avertissement contre une défaite possible, si le peuple ne se ressaisit pas et ne rejette pas l’injustice. Cette défaite se réalisera en 721 avant J.C. L’Alliance avec Dieu, au contraire, est fondée sur la justice et le culte rendu au vrai Dieu d’Israël.

Mais le message d’Osée est surtout marqué par l’aventure affective de ce prophète. Son épouse avait d’abord fait partie des prostituées sacrées utilisées par les prêtres de la religion cananéenne. Dans les temples de Baal, on simulait la fécondation de la terre par le dieu de la fertilité, Baal, à travers des actes de prostitution sacrée entre des prêtres et des femme choisies pour cela. Osée avait épousé Gomer, selon l’ordre de Dieu (cf. Osée 1,2-3). En effet, cette relation est marquée par l’infidélité de la femme revenue à son métier antérieur et à l’adultère (cf. Osée 3,1-4). Il s’agit de la même femme, et le prophète la met à l’épreuve un temps. Il a, lui, manifesté sa fidélité envers elle.

Le prophète, en relisant sa vie, y trouve un signe qui pointe vers le comportement miséricordieux de Dieu envers son peuple, car, même si ce peuple le trompe son amour à lui ne cessera pas, il cherchera toujours à pouvoir le reprendre, lui pardonner et le purifier. Osée comprend à nouveaux frais les relations entre Dieu et son peuple. C’est une relation d’alliance matrimoniale : Israël est l’épouse infidèle (cf. Osée 2,16), quittant Dieu pour aller vers les Baals (cf. Osée 2,4-7). Lui, Dieu est vu par le prophète comme l’époux fidèle et tendre (Osée 2,21-22).

Dieu est aussi proclamé comme un Père (cf. Osée 11,1-4). Nous reviendrons sur plusieurs de ces textes. Avec eux, Osée fait faire un grand pas dans la connaissance de Dieu comme amoureux, fidèle et tendre. Un pas vers la révélation définitive en Jésus.

Nous pouvons considérer ce temps de confinement comme un moment où Dieu est venu nous dire : « mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entrainer jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur » (Osée 2,16).

Seigneur Jésus, tu te sers de toutes nos expériences pour nous faire grandir dans le désir de vouloir ce que Dieu veut. Tu nous fais contempler sa fidélité totale : son amour est sauveur, il n’est pas fonction de nous mais de la seul bonté de Dieu, qu’aucune de nos fautes ne peut détruire. Que tout ce que nous pouvons vivre sur la terre, dans la joie ou dans l’épreuve, nous conduise à mieux comprendre l’immensité de l’amour miséricordieux de Dieu sur nous et sur toute l’humanité.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane