PREMIERE LECTURE

MERCREDI DE LA QUATORZIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

 

« Israël était une vigne luxuriante, qui portait beaucoup de fruit.

Mais plus ses fruits se multipliaient, plus Israël multipliait les autels ;

plus son pays devenait riche, plus il enrichissait les stèles et les idoles.

Son cœur est partagé ; maintenant il va expier :

le Seigneur renversera ses autels, détruira ses idoles. »

Osée 10,1-3.7-8.12

Le message d’Osée, dans l’oracle que nous méditons aujourd’hui comporte deux points bien importants l’un et l’autre.

Le premier touche la situation du peuple d’Israël. Sa situation économique s’est considérablement améliorée (Osée 10,1) et son armée est puissante (Osée 10,13). Il est devenu riche. Le malheur a voulu que cette richesse lui ferme le cœur. Ce malheur est fréquent. La richesse, l’argent et le succès économique, si l’on n’y prend pas garde tendent à réduire les qualités du cœur, de solidarité et de fraternité. L’argent prend, dans le cœur, la place de la tendresse et de la solidarité fraternelle. On se moque du roi (Osée 10,3), on méprise la justice (Osée 10,4), on accepte des crimes et on en commet (Osée 10,10) ; bref, « Vous avez labouré la méchanceté, vous avez moissonné la perfidie, vous avez mangé le fruit du mensonge ».

La deuxième leçon est plus complexe. Elle affirme qu’Israël, dans ces circonstances, a un « cœur partagé » ! C’est-à-dire un cœur qui oscille entre deux amours si j’ose dire, avec d’une part le Dieu de ses pères, dont il sait qu’il a tout reçu et les stèles des faux-dieux qui sont arrivées avec les alliances politiques d’intérêt. Avec la puissance sont arrivées des alliances contre nature et l’accueil des dieux des autres. La recherche exclusive des biens matériels, le rejet de la Loi de Dieu et l’accueil inconsidéré des opinions des étrangers, tout cela crée des situations qui amènent, tôt ou tard, à la catastrophe. Car ceux qui ne cherchent que leur intérêt personnel et rejettent la loi de Dieu ne peuvent pas rester unis. Ce qui unit, ce sont des valeurs communes. Les désirs individuels brisent l’unité. Quand vient les défi, la désunion conduit à la défaite.

Un prophète est toujours un « voyant ». c’est un des sens du mot prophète, « נָבִיא, navi » en hébreu. Il regarde la vie sociale et politique se son peuple parce qu’il s’intéresse au bien-être des autres. Il voit ce qui se prépare, il analyse tout cela en fonction du projet de Dieu pour l’humanité. Et comme, dans la culture d’Osée et de son temps, tout est donc forcément « contrôlé par Dieu », y compris le malheur, le prophète voit dans la catastrophe annoncée l’œuvre de Dieu lui-même : « Le seigneur reversera les autels, détruira les idoles. » C’est pourquoi la catastrophe est annoncée comme venant de Dieu. Aujourd’hui, on ne s’exprimerait plus ainsi. Et pourtant, nous savons que Dieu est présent partout, qu’il tire le bien de toutes les situations, même des catastrophes, et qu’il ne nous abandonne jamais.

Seigneur Jésus, garde-moi de m’attacher aux choses matérielles et à l’argent au point de m’éloigner de mes frères, et particulièrement de ceux qui sont davantage dans le besoin. Il y a tellement de prétextes à ne pas donner ce que j’ai à ceux qui ont moins que moi. Garde mon cœur de toute sécheresse et de toute avarice.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane