Mon coeur se retourne contre moi, mes entrailles frémissent

PREMIERE LECTURE

JEUDI, QUATORZIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2 

 

« Oui,  j’ai aimé Israël dès son enfance,

et, pour le faire sortir d’Égypte,

J’ai appelé mon fils »

Osée 11,1-4.8-9.

L’image de l’Alliance éclairait la relation conjugale offerte par Dieu à Israël. Dans ce chapitre 11, nous changeons de registre. Dieu n’est plus présenté comme époux, amant, amoureux déçu mais fidèle. Ici, il prend la figure du père. Son amour pour son fils, Israël, est originel, paternel, dès son enfance. C’est un amour éducateur et libérateur. « C’est moi qui lui apprenais à marcher… Je le guidais avec humanité, par des liens d’amour… je le traitais comme un nourrisson… » (Osée 11,3-4).  

Nous sommes au bord du Nouveau Testament, et de fait Matthieu utilisera ces mots dès le début de son Évangile : « D’Égypte, j’ai appelé mon fils » (Matthieu 2,15, citant Osée 11,2). L’image de Dieu que Jésus révèlera dans sa plénitude se trouve déjà bien en germe chez le prophète Osée, quelques sept cent cinquante ans avant Jésus-Christ. La trace de Dieu est présente : ceci EST Parole de Dieu !

Le thème suivant est celui de l’infidélité de ce fils, attiré par les dieux cananéens, les Baals et leurs rites particuliers. Il y a là quelque chose de pathétique, car le refus de Dieu que l’on fasse une quelconque image de Lui fut bien incomprise des membres de son peuple. Ils étaient attirés par les statues, les idoles et les images auxquelles ils pouvaient se référer pour « imaginer » la présence de Dieu au milieu d’eux.

Reconnaissons que l’exigence biblique, venue très tôt dans l’histoire d’Israël (pensons aux Dix Commandements (Exode 20,4 : « tu ne te feras aucune idole ») n’a pas été comprise très rapidement. Trois mille ans plus tard, nous n’avons pas d’idoles, mais les icônes et les statues du Christ, de sa Mère et des saints nous sont chères… Attention à ne pas y voir des images de Dieu…

Face à cette infidélité, l’amour blessé de Dieu n’abandonne pas ! l’aveu très « paternel » me touche profondément : déjà exprimé aux versets 3 et 4, il revient sous une forme époustouflante : « mon cœur se retourne contre moi ; en même temps, mes entrailles frémissent. Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère… Car moi, je suis Dieu, et non pas homme… » (Osée 11,8-9) : ici gît le modèle de toute paternité !

Quand tu te sens méprisable, abandonné, lorsque tu crois ou tu penses que tes péchés sont impardonnables, alors, reviens vers Osée et prie le chapitre 11, tout simplement ! Écoute le Seigneur te redire que son cœur se retourne, que ses entrailles frémissent, que jamais il ne te détruira… Toute la tendresse de Dieu n’existe alors que pour toi, et toi seul ! Ne crains pas ! C’est lui ton Rédempteur

Et qu’on en finisse donc avec l’image d’un Dieu punissant, châtiant, prenant du plaisir à rejeter un seul de ses enfants. « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ? » (Jésus, en Luc 11,13).

Seigneur Jésus, ta présence, ta tendresse et tes actions de guérison et de pardon ont élargi à la terre entière, à toute l’humanité, le message si émouvant donné par Dieu au prophète Osée. Que ton Esprit Saint nous enracine dans une confiance sans limites envers un Père tel que le tien, tel que le nôtre grâce à toi !

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane