L’oreille attentive à la sagesse
PREMIERE LECTURE 
FÊTE DE SAINT BENOIT – 11 JUILLET
« Mon fils, accueille mes paroles,
conserve précieusement mes préceptes,
l’oreille attentive à la sagesse,
le cœur incliné vers la raison »
Proverbes 2,1-9.
Le livre des Proverbes fait partie de la littérature de Sagesse insérée dans la Bible, parmi les livres de Job, Qohèleth, la Sagesse et le Siracide. Cette sagesse biblique s’est développé surtout après l’Exil à Babylone (- 538 avant J.C.), pour permettre à chaque personne fidèle de trouver le chemin du bonheur au milieu d’un monde qui ne le favorise pas vraiment. La Littérature de sagesse répond ainsi à une quête inscrite au plus profond de l’être humain : la recherche du bonheur, du bien-être, on dirait en Amazonie, du « bien-vivre ».
Le passage proclamé aujourd’hui, en la fête de Saint Benoît, est significatif de l’expérience des moines. Rappelons que Benoît, né en vers 480 dans un empire romain en pleine décadence morale, décida de ne rien chercher d’autre que Dieu. Aidé par un moine, il vécut plusieurs années en ermite, apprenant à dominer ses instincts pour ne plus être que conduit par l’Esprit de Dieu, avant de rassembler autour de lui des « chercheurs de Dieu », assoiffés de sa Parole, partageant leur vie entre prière, travail et vie fraternelle communautaire du service mutuel. De sa Règle étonnante d’équilibre sont nés, au fil des siècles, plus de 40 000 monastères à travers le monde.
Où se trouve donc le bonheur, selon l’Écriture ? dans « la connaissance de Dieu » (Proverbes 2,5) car « C’est le Seigneur qui donne la sagesse… Il réserve aux hommes droits la réussite » (Proverbes 2,6-7). En le découvrant et en l’écoutant, « Tu comprendra la justice, le jugement et la droiture, seuls sentiers qui mènent au bonheur » (Proverbes 2,9).
Voilà donc le but : la connaissance de Dieu qui montre le chemin du bonheur. Qu’y a-t-il d’étonnant dans cette affirmation, pour quiconque reconnait que Dieu, qui nous a créé pour le bonheur, est celui qui en connait le chemin ? Quelle folie alors de vouloir chercher hors de Dieu et de sa présence, un bonheur dont nous ne connaissons pas, tout seuls, le secret ? Et quelle outrecuidance que de vouloir décider par nous-mêmes de ce qui est bon pour nous, alors que notre origine ne dévoile son mystère que dans la relation à celui qui est à l’origine de notre être ?
Dieu es visible à travers ses œuvres, puisque la création tout entière parle de sa sagesse, de son intelligence, de sa beauté, de sa puissance et de sa bonté. Plus encore, l’himme et la femme, créés à l’image et selon la ressemblance de Dieu (Genèse 1,26-27) rendent Dieu visible d’une manière plus belle encore. Cependant, parce que l’être humain, confié à ses seules forces, n’a pas le regard suffisamment tourné vers le vrai, le beau et le bon, Dieu est venu à s rencontre en lui parlant, « à bien des reprises et de bien des manières… à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils… » (Hébreux 1,1-2).
C’est donc la raison pour laquelle, si nous voulons entrer dans la connaissance de Dieu, il faut suivre les conseils donnés aujourd’hui : accueillir les paroles, rendre l’oreille attentive à la sagesse, le cœur incliné vers la raison (Proverbes 9,1). C’est si beau, cet alliage du cœur et de la raison. Entre la tête et le cœur, le chemin est souvent si long, et pourtant, on ne voit bien qu’avec le cœur, dit le renard au petit Prince…
Fasse le Seigneur qu’en ce temps de confinement, en ce temps où l’accès à l’Eucharistie nous est impossible, nous puissions comprendre à quel point nous sommes riches, dans la mesure où nous faisons, de l’écoute cordiale de la Parole, notre miel et notre humble soumission à la sainte Volonté de Dieu
Seigneur Jésus, tu es de toute éternité le Verbe, la Parole par laquelle tout a été fait, tu es celui à l’image de qui nous avons-nous-mêmes été créés. Ouvre l’oreille de notre cœur aux merveilles de la sagesse et conduis-nous à la béatitude de la présence de Dieu.
† Emmanuel Lafont
Evêque de la Guyane