J’ai trouvé celui que mon âme désire

PREMIERE LECTURE 

FÊTE DE SAINTE MARIE-MADELEINE – 22 JUILLET

 

« Celui que mon âme désire, l’auriez-

vous vu ? A peine les avais-je dépassés

j’ai trouvé celui que mon âme désire :

je l’ai saisi et je ne le lâcherai pas.  »

Cantique des Cantiques 3,1-4.

La mémoire de Sainte Marie-Madeleine était une mémoire dans la liturgie de l’Eglise latine, mais depuis trois ans elle est devenue une fête, par la décision du pape François. En effet, celle que Jésus a choisi pour annoncer sa Résurrection à ses disciples (Jean 20,18) a été justement appelée par l’Eglise byzantine « l’apôtre des apôtres ». Elle manifeste d’une manière très forte à quel point les femmes sont importantes dans l’Eglise parce qu’elles le sont dans le cœur du Christ.

Le Cantique des Cantiques (en clair, en français simple : Le plus beau, le plus grand des cantiques) parle de l’amour de deux personnes. Elles parlent chacune à son tour, tantôt lui, tantôt elle. Ces poèmes ont été élevés au rang de discours symbolique sur l’amour de Dieu pour son peuple. Ils décrivent alors l’Alliance entre Dieu et son peuple Dieu comme une véritable histoire d’amour. ils se cherchent, se trouvent, se perdent et se retrouvent, ils ne peuvent vivre l’un sans l’autre.

Cette interprétation collective ne pas nombre avec une autre interprétation individuelle reliant Dieu ou le Christ et l’âme humaine. Il en va ainsi des saints mystiques dont l’attachement à Dieu tient de la passion amoureuse dans le sens où, bien au-delà du ressenti émotif, qui va et qui vient, le désir du bonheur de l’autre est sans limite.

C’est de cet amour que témoigne Marie-Madeleine envers Jésus. « Il faut que je me lève e que je fasse le tour de la ville » (3,2), on croirait entendre Marie se rendre au tombeau (Jean 20,1), découvrir qu’il est vide et retourner vers les apôtre (20,2) puis revenir et pleurer dehors, près de tombeau (20,11, cf. Cantique 3,3 : « ils me rencontrent, les gardes qui font le tour de la ville : ‘Celui que j’aime, l’avez-vous vu ? »).

Des auteurs peu scrupuleux ont voulu faire de Jésus et Marie-Madeleine un couple marié, ce qui, nous le savons, ne s’est jamais produit. Mais un amour d’amitié, total, spirituel et passionné, empli de tendresse, n’en a pas moins été vécu sans limite par Marie-Madeleine envers Jésus. Il répondait à l’amour total du Christ envers celle qu’il avait arrachée à la mort spirituelle et sociale.

La présence des poèmes du Cantique des Cantiques dans la Bible est une véritable énigme ! Ils ont un accent évidemment érotique. Leur origine se trouve-t-elle dans des repas de noces ? dans des rituels sexuels sacrés comme il en existait dans la religion cananéenne (Deutéronome 23,18 ; Osée 1,2) ? Sont-ils au contraire l’expression définitive de la théologie de l’Alliance élaborée par les prophètes, à partir d’Osée ? Nous ne le saurons jamais avec certitude. Mais ils reflètent bien le mystère de la tendresse amoureuse du Père de Jésus envers nous, ses enfants d’adoption, et ils donnent des mots à l’expérience de nos plus grands mystiques, comme sainte Thérèse d’Avila, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, sainte Faustine Kowalska et tant d’autres.

Dieu, le Père de Jésus et le nôtre, m’aime d’amour, il aime d’amour chacun d’entre vous.

Seigneur Jésus, tu as créé entre Marie-Madeleine et toi une passion étonnante de désir et d’offrande. Tu n’as pas eu peur de laisser le cœur de Marie battre comme nul autre – sinon ta propre Mère – au rythme de sa joie de te servir, de son besoin de t’écouter et de sentir ta présence. Fais grandir en nous le désir de vivre de toi, pour toi, avec toi, sans que rien d’autre ne puisse nous distraire de cet amour.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane