Nous n’avons pas vécu chez vous de façon désordonnée

PREMIERE LECTURE

MERCREDI, VINGT-ET-UNIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

« Nous n’avons pas vécu parmi vous dans l’oisiveté ; et le pain que nous avons mangé, nous n’avons demandé à personne de nous en faire cadeau. Au contraire, dans la fatigue et la peine, nuit et jour, nous avons travaillé pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous »

2ème lettre aux Thessaloniciens 3,6-10.16-18.

Parmi les questions qui agitaient la communauté de Thessalonique, il y avait l’attente fébrile de la fin du monde. Pour un certain nombre d’entre eux, pensant que c’était imminent, cessaient de travailler pour se livrer, à plusieurs, au petit jeu des pronostics. Puisque la fin du monde est si proche, pourquoi travailler ?

Paul a déjà dit que la rumeur concernant un retour imminent du Christ ne venait pas de lui (2 Thessaloniciens 2,1-3). Il ajoute maintenant que la meilleure manière pour un chrétien de préparer le retour du Christ consiste à vivre le temps présent dans toutes ses dimensions, y compris par le travail (2 Thessaloniciens 3,6).

Et il se donne en exemple. Car Paul, en effet, a travaillé pratiquement tout le temps pendant sa vie ministérielle. Il avait acquis le métier de tisserand et fabriquait des toiles de tentes (cf. Actes 18,3). Fondateur de communautés d’Églises dans des villes qui ne connaissaient rien du Christ, il devait bien subvenir à ses besoins car il ne pouvait, en arrivant quelque part, compter que sur lui-même. Il a fait de son indépendance économique une fierté qui le rend d’autant plus libre pour inviter ses amis au travail et critiquer l’oisiveté : cf. 1Thessaloniciens 2,9 ; 2 Thessaloniciens 3,3-8 ; 1 Corinthiens 4,12 ; 9,13-15).

L’invitation est claire : « Nous n’avons pas vécu parmi vous de façon désordonnée » (2 Thessaloniciens 3,7). La vie chrétienne ne peut pas être une attente oisive de la fin du monde. Elle doit être exemplaire, par la travail, la vie familiale, l’engagement social. Il nous revient d’être, autant que faire se peut, « un modèle à imiter » (3,9). Comme le rappelle St Paul VI : « Le monde contemporain prête davantage attention aux témoins qu’aux professeurs. Et quand il écoute les professeurs, c’est parce que ce sont aussi des témoins. »

Dans les circonstances présentes, le clergé qui a en charge de grandes communautés chrétiennes ne pourrait pas trouver le temps de travailler personnellement. Jésus a bien dit à ses disciples que l’ouvrier Que l’exemple de Saint Paul l’aide à utiliser la générosité des chrétiens pour lui être présent sans tomber dans l’oisiveté !

Seigneur Jésus, nous te rendons grâce pour la vie et le ministère de Paul, pour son courage et la façon dont, imitant ton exemple : il s’est incarné dans les différentes cultures de l’Empire Romain par son travail comme toi, charpentier à Nazareth, tu avais vécu une incarnation magnifique de proximité avec ton peuple. Puissions-nous, ministres et missionnaires d’aujourd’hui, avoir le même désir de vivre en grande proximité avec notre peuple afin de « prendre l’odeur de nos brebis ».

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane