Que votre foi repose sur la puissance de Dieu

PREMIERE LECTURE

LUNDI, VINGT-DEUXIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

« Parmi vous, je rien voulu connaître d’autre que Jésus Christ, ce messie crucifié. Et c’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je suis arrivé chez vous. Mon langage, ma proclamation de l’Evangile n’avaient rien à voir avec le langage d’une sagesse qui veut convaincre »

1 Corinthiens 2,1-5

Paul entre ici dans le vif du premier sujet de sa lettre aux Corinthiens. Il affronte une division profonde dans la communauté qu’il avait évangélisée. Or il semble que cette division vient de ce que d’autres missionnaires, Apollos, Képhas et d’autres peut-être, plus savants ou d’une sagesse plus visible, ont pris de l’ascendant sur la communauté de l’apôtre.

La division vient également de la grande diversité des origines humaines, culturelles et religieuses des membres de la communauté de Corinthe. Peu de croyants venaient du judaïsme. La plupart venaient des classes pauvres de ce port cosmopolite qu’était Corinthe, avec des 500 000 habitants et son double port, l’un tourné vers l’est et l’autre vers l’ouest. Cette communauté avait donc des attentes diversifiées.

Les uns trouvaient dans le christianisme une fraternité libératrice, dans laquelle le passé de chacun ne comptait pas. Il étaient la majorité (cf. 1 Corinthiens 1,26). D’autres avaient des besoins intellectuels pour importants. Ceux-là avaient pu trouver en Apollos un maître plus éloquent, plus chaleureux dans ses exposés doctrinaux que Paul (cf. 1 Corinthiens 1,12, comparé à 1 Corinthiens 2,4). Enfin, les différences se retrouvaient dans les assemblées eucharistiques pendant lesquels les chrétiens étaient loin de vivre une fraternité sans failles (cf. 1 Corinthiens 11,21-22).

Alors Paul va jouer l’humilité, la simplicité, et l’adhésion au message le plus profond de l’Evangile, qui n’est rien d’autre que la Passion de Jésus. Paul ne prétend pas à l’éloquence. Il veut que l’on reconnaisse sa sincérité et son amour de l’Evangile. Il sait que la Passion de Jésus est le cœur de tout. C’est là que la passion des hommes trouve son réconfort le plus authentique. C’est là que la suite du Christ et ses difficultés trouvent son encouragement.

Seul le Christ crucifié nous a libérés de nos fautes. Et seule notre participation à son offrande nous permettra de participer aussi à sa Résurrection. Paul le sait. Il sait aussi que ce message est fou, et que beaucoup de missionnaires seront tentés, au long des siècles, de faire l’impasse sur la croix de Jésus. Ils diront : c’est le Christ ressuscité qui est vivant aujourd’hui. Nous disons avec Paul que c’est le Christ crucifié que Dieu a ressuscité, et nous sommes lavés par le sang de sa croix.

Quel est donc le sens, pour moi, d’être disciple du Crucifié, qui de plus m’appelle à porter ma croix pour le suivre ?

Quel est donc le sens pour moi d’être membre d’une communauté de frères et de sœurs où l’origine ne compte plus, où les différences sociales n’ont plus de poids… où le plus petit est le plus grand aux yeux du Père et de Jésus ?

Seigneur Jésus, je te prie pour que l’unité de tes frères et sœurs, les chrétiens, se fasse sur la base posée par ton Evangile. A ta suite, nous savons que celui qui veut gagner sa vie la perdra, et que celui qui perd sa vie la gagnera. Accorde-moi de savoir prendre ma croix, chaque jour, et de te suivre. Accorde moi la joie de faire partie d’une fraternité où les plus petits sont particulièrement chéris de Dieu ton Père et dans lesquels toi-même, tu es présent !

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne