Abraham eut foi en Dieu, et il fut accordé d’être juste

PREMIERE LECTURE

VENDREDI, 28ème SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

« Ainsi, ceux qui sont croyants sont bénis avec Abraham le croyant. Quant à ceux qui se réclament de l’obéissance à la loi de Moïse, ils sont tous atteints par la malédiction dont parle l’Écriture quand elle dit : Maudit soit celui qui ne s’attache pas à mettre en pratique tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi. »

Lettre aux Galates 3,6-14.

Le cœur du débat entre les chrétiens judaïsants qui veulent obliger les païens à suivre les lois juives et Paul qui affirme que la Loi ne peut pas sauver – car on n’arrive pas à lui obéir -. Au fond, les Juifs chrétiens pensent que la loi juive est indispensable au salut et que les païens qui veulent être sauvés comme chrétiens, doivent devenir juifs. Là est le débat : est-ce l’obéissance à la loi ou est-ce la foi en Dieu qui nous délivre de nos péchés ? Suffit-il de croire en Jésus, ou faut-il aussi pratiquer tous les commandements de Moïse ?

La loi est venue par Moïse, bien après Abraham. Certes, Abraham a obéi à Dieu, notamment en acceptant de sacrifier son fils Isaac : cf. Genèse 22,1-19. Mais Paul fait référence à un autre texte de Genèse, plus ancien chronologiquement, qui affirme que Abraham eut foi en Dieu et il lui fut accordé d’être juste (Galates 3,6, cf. Genèse 15,6). Ceci bien avant la loi. Ainsi, Abraham est le père des croyants par la foi et non par la loi. Dieu lui avait annoncé cette paternité universelle au moment de son appel : « en toi seront bénies toutes les nations » (Galates 3,8, cf. Genèse 12,3).

Paul utilise l’Ecriture comme un Juif sait le faire ! Il met en opposition la malédiction promise à ceux qui ne s’attachent pas à pratiquer la loi (Deutéronome 27,26) et le salut promis à celui qui croit (Habacuc 2,4). Comme personne ne réussit à obéir à toute la loi, la malédiction est inévitable, sauf à être sauvé par la foi en Jésus-Christ. Il avait déjà dit à Pierre : « Si toi qui es juif, tu vis à la manière des païens et non des Juifs, pourquoi obliges-tu les païens à suivre les coutumes juives ? » (Galates 2,14).

Paul n’a pas l’intention non plus d’abolir la loi et les coutumes juives. Il se considère toujours comme un juif. Il n’hésite pas à faire circoncire Timothée, dont la mère était juive, respectant la règle qu’on est juif par la maman (Actes 16,1-4). Ce qu’il refuse, c’est la judaïsation de la foi chrétienne. D’ailleurs une récente déclaration de Rabbins juifs orthodoxes sur les relations entre l’Eglise et Judaïsme écrit avec netteté : « Le rabbin Jacob Emden a écrit que : « Jésus a apporté un double bienfait au monde. D’une part, il a majestueusement renforcé la Torah de Moïse… et aucun de nos Sages n’a exprimé tant d’empathie en parlant de l’immuabilité de la Torah. D’autre part, il a extirpé l’idolâtrie des nations et leur a imposé les Sept Lois de Noé afin qu’ils ne se comportent pas comme des animaux et leur a fermement inculqué des traits moraux… Les Chrétiens constituent des congrégations qui œuvrent pour l’amour du ciel, qui sont destinées à durer, qui tendent vers les cieux, et dont les récompenses leur seront accordées ».

Nous verrons plus tard que cela ne veut pas dire que celui qui croit est dispensé d’obéir à la loi ! En effet, l’obéissance est une réponse indispensable au don de la Foi, mais c’est une conséquence et non pas une précondition. Et seul Dieu, par sa grâce, nous donne la force d’obéir à la loi, dont Jésus a résumé l’essentiel dans les deux commandements de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain comme soi-même.

Seigneur Jésus, seul ton Esprit peut me donner de comprendre ces choses si subtiles : je suis sauvé par ta grâce et non pas par mes efforts, mais en même temps, le salut que tu m’offres vient au secours de mes propres efforts pour vivre dans l’obéissance, comme toi-même et ta sainte Mère l’ont fait tout au long de votre vie. Donne-moi la foi, et l’obéissance de la foi !