Restez enracinés dans l’amour

PREMIERE LECTURE

JEUDI, 29ème SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2 

« Que le Christ habite en vos cœurs

par la foi ; restez enracinés dans

l’amour, établis dans l’amour. Ainsi

vous serez capables de comprendre »

Éphésiens 3,14-21.

Après avoir magistralement exposé le plan salvifique de Dieu à travers le mystère révélé : toute la famille humaine devient une, dans le Christ, l’Auteur proclame sa reconnaissance à la Trinité Sainte, dont il décrit admirablement les fonctions complémentaires.

Il y a d’abord l’adoration du Père, de qui toute paternité au ciel et sur la terre tire son nom (Éphésiens 3,14-15). Il était « riche en miséricorde » (2,14), il est maintenant « riche en gloire » (3,16). Son œuvre propre est d’être le Père, de créer toute chose, de tout faire venir à l’existence. Sans lui, rien ne tient ; « Tu reprends ton souffle, ils expirent et retournent à la poussière » (Psaume 103 (104),39).

L’adoration est suivie de l’appel : « Qu’il vous donne la puissance de son Esprit, puis se fortifie en vous l’homme intérieur » (3,16). L’Esprit est ainsi désigné comme la puissance de Dieu répandue à l’intérieur de l’homme, afin de fortifier cet intérieur. L’œuvre de l’Esprit est donc définie : il est le maître de la vie intérieure, ce lieu, ce cœur, où communient la créature et le Créateur, appelé encore la vie spirituelle ou vie dans l’Esprit.

Vient alors le Fils, sous son titre de Christ (l’Oint) du Seigneur. Par l’Esprit – comme le Père – il « habite en nos cœurs par la foi » (3,17a) et ainsi il peut nous « enraciner dans l’amour » (3,17b) L’amour ne se comprend que par l’amour ! L’apôtre établit ici une règle de vie essentielle de toute vie humaine et l’applique magistralement à notre relation au Christ : comment comprendre la largeur, la longueur, la hauteur… de l’amour du Christ, sinon en restant enraciné, établi dans cet amour même ? Comme le dit le petit prince, l’essentiel ne se voit qu’avec le cœur. L’intelligence ici n’est pas intellectuelle, c’est l’intelligence du cœur.

Les exemples foisonnent, dans l’Évangile : Le disciple bien aimé vit et il crut, parce qu’il aimait (Jean 20,8) ; la pècheresse est pardonnée parce qu’elle a beaucoup aimé (Luc 7,47), et elle a beaucoup aimé, d’ailleurs, parce qu’elle a été pardonnée… Et que dire de Zachée (Luc 19,1-10), de la Samaritaine (Jean 4), de Marie (Jean 20,16) … On ne peut comprendre le Christ qu’en l’aimant.

L’intelligence ramène tout à soi. Toute seule, elle isole, elle peut être froide, calculatrice et arbitraire. Le cœur ouvre à l’autre, demeure humble, se réjouit de la joie de l’autre. Par le cœur, nous entrons dans le mystère du Christ, avec lui nous devenons obéissants et apprenons la joie de donner et de recevoir le centuple en retour. L’amour est un mystère. L’amour est Dieu lui-même. L’amour est don. Donne, et tu recevras.

Je me réjouis avec l’Apôtre de la claire vision qu’il a reçu de Dieu, Père, Fils et Saint Esprit ! Père de qui tout vient, Fils par qui tout est sauvé, établi dans l’amour, et l’Esprit Saint qui nous conduit sur les chemins de la vie intérieure et spirituelle. Ce mystère était en germe dans la révélation faite aux disciples avant la Pâque de Jésus (entre 27 et 30 après J.C.), mais il s’est ensuite déployé dans les premières communautés chrétiennes, notamment dans les lettres de Paul avant d’être intégré dans les récits évangéliques.

LA VIE SPIRITUELLE N’EST RIEN D’AUTRE QU’UNE VIE CONDUITE PAR L’ESPRIT QUI NOUS FAIT ENTRER DANS L’INTIMITE AMOUREUSE DE JESUS.

Seigneur Jésus, je te donne ma foi, c’est-à-dire ma confiance, pour que tu puisses habiter dans mon cœur. Oui, je te donne mon cœur, car toi seul peut le combler, l’apaiser et le faire grandir pour ta plus grande gloire et sa joie la plus profonde. Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi.