Par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres

PREMIERE LECTURE

MARDI, 30ème SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

« Vous les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ :

il a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle »

Ephésiens 5, 21-33

Dans cette finale de sa lettre, l’apôtre propose quelques règles de conduite propre aux chrétiens. Evidemment, il le fait avec le langage de son temps et selon la mentalité de l’époque dont il ne peut pas s’affranchir totalement. Les versets 21 à 33 du chapitre 5 traitent directement des époux.

La première phrase établit une parité parfaite entre tous : « Par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres » (5,21).

Le verset 22 décline le verset 21 en s’adressant aux femmes : « les femmes à leurs maris, comme au Seigneur Jésus ». On pourrait attendre une réciprocité exemplaire, mais là, l’apôtre extrapole et élabore la relation entre Jésus et l’Église de manière tout à fait inattendue, qui nous fait comprendre que dans le couple, le rôle du mari rejoint celui de Jésus et la femme celui de l’Église. L’apôtre continue alors à nous étonner en établissant une hiérarchie : Jésus est la tête de l’Église, le mari est la tête de la femme (5,23). Comprise ainsi, la soumission ne semble plus réciproque, mais situe la femme – comme l’Église – sous l’autorité du mari. C’est naturellement que nous comprenons ainsi ces versets.

C’est alors que, même s’il n’utilise pas le même langage pour la femme (soit soumise) et l’homme (aimer comme le Christ), l’Apôtre renverse de nouveau la tendance, en explicitant de quelle manière Jésus est la tête de l’Église. Le Christ « a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle » il est tête comme celui qui sert ! Nous voilà de nouveau très loin d’un regard de subordination – au sens moderne du mot – de la femme à son mari. En effet, ce dernier doit manifester son amour par le service.

Nous retrouvons, sous d’autres mots, une réciprocité totale entre les deux personnes au sein du couple. L’exemple du Christ comme amoureux de l’Eglise devrait suffire pour que l’homme rejette toute idée de domination a profit de celle du service : en effet, Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Marc 10,45). Si donc l’homme veut être la tête de la famille, à l’exemple du Christ, qu’il s’en fasse le serviteur.

Ainsi la parole nous permet de comprendre, dans des mots de l’époque, que la réciprocité d’amour entre l’homme et la femme doivent être totale. Chacun aime l’autre selon sa situation propre, mais le modèle de tous, c’est le Christ. Cela se reflète admirablement dans la manière dont l’Eglise, aujourd’hui, parle du mariage. L’Exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia (la Joie de l’amour) du pape François l’exprime bien.

Nous entrons dans l’essentiel de ce passage lorsque nous lisons la dernière ligne : « Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église ». Le mariage chrétien est sacrement parce qu’il est l’image, l’icône, de l’amour du Christ et de l’Église. “Le mariage fondé sur un amour exclusif et définitif devient l’icône de la relation de Dieu avec son peuple et réciproquement : la façon dont Dieu aime devient la mesure de l’amour humain ” (Benoît XVI, Dieu est amour, 11). « Le mariage chrétien est un signe qui non seulement indique combien le Christ aime son Église à travers l’Alliance scellée sur la Croix, mais encore rend présent cet amour dans la communion des époux. En s’unissant pour être une seule chair, ils représentent les fiançailles du Fils de Dieu avec la nature humaine » (pape François, La joie de l’amour, 73).

Seigneur, je vois bien que ta Parole est à la fois éternelle et marquée par le temps ! Tu as parlé dans une langue humaine, un siècle bien défini, à des gens dont la culture n’était pas la nôtre. Pour bien comprendre ce que tu veux vraiment dire, fais-moi contempler ta manière à toi, car, ta manière d’être est proprement divine !