Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour

Première lecture

Lundi, 2ème semaine de Carême

« Au Seigneur notre Dieu, la miséricorde et le pardon, car nous nous sommes révoltés contre lui. Nous n’avons pas  écouté la voix du Seigneur, notre Dieu »
Daniel 9,4-10.

Il est fréquent, dans l’Ancien Testament, de trouver des confessions publiques comme celle que nous méditons aujourd’hui dans la bouche de Daniel. Ici, la confession est collective. Daniel ne parle pas à la première personne, mais au nom de nous : « à nous la honte au visage, à nos rois, à nos chefs, à nos pères, parce que nous avons péché contre toi » (9,8). Le cadre dans lequel le prophète situe son oracle est celui de l’exil à Babylone, entre 587 et 538 avant Jésus-Christ. Selon lui, la succession des royaumes sont dans l’ordre suivant : Babylonien, mède, perse. Cyrus le Perse autorisera les Juifs à regagner leur pays.

Le contexte de l’Exil est évidemment propice à la repentance collective, car la détresse des Juifs est profonde et propice à l’examen de conscience. Il faut parfois un désastre, une défaite, un échec, pour réfléchir à la responsabilité que l’on porte pour ce qui nous arrive. Ce fut le cas des Juifs. Le mérite de Saint Jean-Paul II, qui n’a pas toujours été compris, mais qui était prophétique, fut d’engager l’Église dans une grande repentance à l’occasion du jubilé de l’an 2000, en conformité avec le thème biblique du jubilé, au cours duquel il faut remettre les pendules à l’heure, rendre grâce pour le bien et restaurer le droit et la justice pour le mal (cf. Lévitique 25,8-55).

Cela honore le peuple, l’Église, autant que les personnes, lorsque nous reconnaissons nos torts.

Le carême nous appelle à une conversion personnelle, bien sûr, mais aussi à une conversion collective. Nous sommes tellement solidaires les uns des autres, dans la société civile comme dans l’Eglise, que les fautes de chacun ont une répercussion sur la vie des autres. Ce que font nos rois ou nos présidents rejaillit sur le pays tout entier. Ce que font nos prêtres, nos évêques, ce que fait notre pape, rejaillit sur l’Eglise tout entière.

Ce que fait chacun de nous, en bien ou en mal, ce que nous ne faisons pas que nous devrions faire, tout cela rejaillit aussi sur l’Eglise toute entière. Il est vraiment important, essentiel, de bien comprendre à quel point nous sommes liés les uns aux autres, pour le meilleur ou pour le pire. Celui qui ne fait rien, qu’il ne pense pas que sa responsabilité n’est pas engagée dans le monde et dans l’Eglise. C’est tout le contraire.

Il est malheureux que notre société soit devenue si individualiste que tant de gens pensent ne devoir rien à personne et même ne recevoir rien de personne. C’est une profonde méprise. Fasse ce carême que chacun de nous réalise mieux la solidarité inévitable entre nous. C’est de là d’ailleurs que l’on peut comprendre beaucoup mieux la nécessité de la confession : je me confesse à l’Eglise parce que ce que je fais a un impact sur l’Eglise.

OUI, JE CONNAIS MON PÉCHÉ, MA FAUTE EST TOUJOURS DEVANT MOI
PITIÉ POUR MOI, MON DIEU, DANS TON AMOUR

Seigneur Jésus, je te bénis pour la sagesse que je reçois, quotidiennement, de ta Parole contenue dans le premier Testament, ce Testament si souvent appelé l’Ancien ! Ce qui est riche dans ces livres est beaucoup plus important que ce qui est désormais dépassé, puisque Jésus est venu l’accomplir. Je te bénis pour ces textes et je te demande : donne-moi le courage de mettre en pratique tout ce qu’ils m’enseignent.

Mgr Emmanuel Lafont