Pour l’amour qui est en moi, béni sois tu !

DEUXIÈME LECTURE
6ÈME DIMANCHE DE PÂQUES

« Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connait Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour »

1ère lettre de Jean 4,7-10.

Nous avons déjà médité deux fois la première lecture de ce dimanche : le jour de Pâques et lundi de la quatrième semaine. Je prends avec vous la méditation de la lettre de saint Jean

Ici, au cœur de la lettre de saint Jean à sa communauté, se trouve, à mon sens, une des très grandes perles de la Parole de Dieu : « Celui qui aime est né de Dieu, et connait Dieu » (1 Jean 4,7). Je ne me lasserai pas de laisser cette parole danser dans mon esprit et dans mon cœur. Elle fait, pour moi, un écho très fort à l’allégorie du jugement dernier selon l’évangile de Matthieu (Matthieu 25, 31-46).

Il n’est pas nécessaire d’avoir une connaissance humaine de Dieu pour être son enfant. La situation de gens qui ne connaissent pas Dieu rejoint la cohorte des enfants qui ne connaissent pas leur père. Ils portent néanmoins la marque de ce père, son ADN. Ainsi peut-on affirmer que tout être humain, « créé à l’image et à la ressemblance de Dieu » (cf. Genèse 1,26), porte évidemment dans on ADN l’amour de Dieu, puisque Dieu est amour. A lui/elle de laisser parler l’amour qu’il porte. Il suffit d’aimer ! Il suffit de donner un verre d’eau, d’accueillir un étranger, de rendre visite à un malade ou à un prisonnier. Il suffit d’offrir un toit ou un morceau de pain. Et cela, c’est à la portée de tout le monde. Ceux qui pratiquent l’amour sont les bénis de mon Père, dit Jésus, alors même qu’ils ne sont pas conscients du tout qu’ils ont ainsi accueilli le Christ : « Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! »

Ainsi, toute femme qui aime et soigne ses enfants est enfant de Dieu et « connaît » Dieu. Toute personne qui pose un geste de solidarité, ou de générosité, est enfant de Dieu et « connait » Dieu. Connaitre ici, a le sens originel de con – naître, naitre avec ! Dieu seul pouvait dire cela, et il est venu nous le dire à travers la vie terrestre de Jésus, son Fils unique.

« Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu » (1 Jean 4,8) : cette parole est terrible ! Mais est-il possible qu’une personne soit totalement dépourvue d’amour ? Qu’il n’y ait en elle aucun sentiment d’estime pour un autre ou une autre ? Lorsque Jean écrit ces mots, il fait face à une crise éprouvante dans une de ses Églises, il assiste impuissant à une brisure au sein de cette communauté et à un schisme. Des membres sont en train de faire sécession. Cela ne peut pas être inspiré par l’Esprit Saint, il n’y a là aucun amour, aucune « connaissance de Dieu ». Mais est-ce définitif ou peut-il y avoir rémission ? Cela ne peut pas être exclu. Il ne m’appartient pas de juger.

L’expérience montre qu’en tout être humain coexistent des sentiments d’amour et des refus d’amour. Nous ne sommes ni noirs ni blancs. Dieu seul sait. Il agit avec justice. Jean insiste donc à juste titre : « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés » ; son Fils a été « envoyé en sacrifice de pardon pour nos péchés » (1 Jean 4,10).
POUR MES MANQUES D’AMOUR, PARDON ; POUR L’AMOUR QUI EST EN MOI, BÉNI SOIS-TU !

Seigneur, donne-moi ton regard, et ton cœur, pour que je voie, en chacun, ton frère ou ta sœur, et que je ne sois jamais désemparé lorsque l’un d’entre eux s’approche de moi, venant de ta part à toi ! Entendons-nous bien, ça n’est pas la conscience qu’il peut avoir de venir de ta part, qui importe. Ce qui importe c’est que moi, je vois en lui mon frère, à cause de toi.

Mgr Emmanuel Lafont