“Je suis la résurrection et la vie”
Comment cet homme, Jésus de Nazareth, peut-il oser dire : « Je suis la résurrection et la vie » ?
C’est une parole imbuvable pour un bon juif qui pourrait se demander si Jésus n’aurait pas perdu la raison. Cependant, peu après, celui-ci ressuscite Lazare qui était dans son tombeau depuis 4 jours déjà… Ce signe éclatant manifeste que ses paroles ne sont pas celles d’un fou. Mais alors, qui est-il, lui qui peut dire : « Je suis la résurrection et la vie » et ressusciter un mort dans la foulée ?
S’il est manifestement un homme, il n’est pas que cela. Celui qui est la Résurrection et la Vie ne peut-être que Dieu. Seul Dieu est à l’origine de tout ce qui existe et, en particulier, seul Dieu est la source de toute vie et a en lui la Vie véritable, la Vie éternelle.
D’autre part, Jésus ajoute : « Celui qui vit qui croit en moi ne mourra jamais. » Comment cela peut-il se faire ?
Il y a une immortalité de l’âme… mais être immortel et vivre dans le Christ n’est pas la même chose.
Nous sommes immortels (du moins dans notre dimension immatérielle) car ce que Dieu a créé ne peut retourner au néant ; pour qu’un être vivant puisse revenir au néant, cela supposerait une dé-création. Sauf que Dieu s’il peut créer, il ne peut pas décréer. Pourquoi? C’est simple, toute création est un acte d’amour de Dieu, une dé-création serait un acte de non-amour. Mais Dieu ne sait pas ne pas aimer; il ne peut tout simplement pas cesser d’aimer ce qu’il a créé. Cependant être immortel ne signifie pas participer à la vie de Dieu. Pour ce faire, il faut entrer dans une alliance avec Dieu et être en communion avec lui à travers son envoyé Jésus Christ.
Seuls ceux qui vivent et croient en lui vivront de sa vie, donc de la vie divine, donc de la vie éternelle. Ainsi immortalité peut aller de pair avec la mort éternelle (ou la seconde mort) dont parle Jésus dans les évangiles car la mort éternelle (ou la seconde mort) est un état de séparation définitive d’avec Dieu.
Vivre et croire en Jésus signifie entrer en alliance avec lui et vivre en communion avec lui. Demandons cette grâce pour nous et pour tous les hommes. Puissions-nous à la faveur de ce temps de Carême revenir d’une façon déterminée vers le Seigneur, renoncer à toute double vie, à tout ce qui nous éloigne de lui et qui risque de nous séparer de lui pour avoir la vie en son nom, la vraie vie, la vie de Dieu, la vie éternelle.
+ Mgr Alain Ransay, évêque de la Guyane