“ Celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. ”

Il y a 6 ans (2017), j’ai reçu une vidéo WathsApp dans laquelle on entendait le témoignage d’une fillette rescapée d’une tuerie qui a eu lieu à El-Minya en Egypte et qui a fait 35 morts dont de nombreux enfants.

Quand j’ai entendu qu’il était question de les reconnaître comme martyrs, je trouvais que les autorités religieuses coptes allaient un peu vite en besogne mais, quand j’ai entendu les circonstances de leur mort telles que relatées par la fillette,  je me suis dit : « Oh oui, ils méritent d’être canonisés et reconnus comme martyrs de l’Eglise au même titre que ceux des premiers siècles !» Les djihadistes de l’Etat islamique ont arrêté les deux bus dans lesquels ils se trouvaient dont un rempli d’enfants, ils ne les ont pas tués d’emblée, ils leur ont demandé de renier leur foi chrétienne et de professer la Chahada (profession de foi musulmane). Mais, ils ont tous refusés, à commencer par un garçon de 5 ans qui, par suite, a pris une balle dans le dos – seul trois enfants, dont la fillette qui a relaté les faits, ont survécu.

La foule qui écoutait le témoignage de la fillette était dans l’émerveillement. Même chez les proches parents des défunts, ce n’était pas la tristesse qui dominait mais la fierté. Fierté de ce que un (ou plusieurs) membre de leur famille ait préféré mourir plutôt que de renier le Christ…

Ces martyrs ont fait leur cette parole entendue ce dimanche à la messe : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme »

Chers frères et soeurs du diocèse de Guyane, il n’est pas facile d’être un témoin, cela ne l’a jamais été et ne le sera jamais. Le témoin prend des risques, il se fait rarement bien voir et se fait souvent des ennemis. Il gêne et on réclame sa mort physique ou sociale, même si, à la fin, souvent après sa mort, on reconnaît qu’il a été donateur de vie. Il est difficile d’être témoin dans sa propre maison, à l’école, au travail, en vacances parfois même dans l’Eglise, témoin de la vérité, témoin de l’amour, témoin du Christ… Ces martyrs égyptiens, ont vaincu l’Ennemi comme il est dit dans le livre de l’Apocalypse : « Eux-mêmes l’ont vaincu par le sang de l’Agneau, par la parole dont ils furent les témoins ; détachés de leur propre vie, ils sont allés jusqu’à mourir. ». Demandons au Seigneur la force d’aller jusqu’au bout de notre témoignage en sa faveur quel que soit le prix à payer.

Mgr Alain Ransay, évêque de la Guyane