Faisons fructifier nos talents

Chers frères et sœurs,

Supposons que vous partiez en voyage et que vous confiiez les clés de votre maison à un voisin en qui vous placez votre confiance. Celui-ci ne s’en montre pas digne, vous risquez de trouver vos plantes desséchées et vos animaux de compagnie en état de décomposition avancée.

De la même manière, Jésus à travers la Parabole de ce dimanche, nous enseigne qu’après sa passion il partirait pour un « pays lointain “auprès du Père et qu’il nous laisserait les clés de son Eglise pour ainsi dire. À chacun il donne des talents qui devront être mis au service de son Peuple. C’est une belle marque de confiance qu’il nous fait ; et exercer les charismes reçus de lui n’est pas au-dessus de nos forces puisqu’il nous connaît bien et nous les a distribués en fonction de nos capacités.

Si nous ne sommes pas dignes des dons reçus de Dieu, nous ne les utiliserons que dans la mesure où nous en tirerons un avantage, mais dès que cela nous coûtera, nous irons les enterrer. Par exemple, j’ai reçu le charisme de réconforter les malades ou les personnes en difficulté, cependant je ne le fais que s’il y a des témoins capables ensuite de chanter mes louanges mais je n’irai pas visiter des personnes en privé. J’ai reçu la grâce de parler aux jeunes et de les structurer humainement et spirituellement, mais cela me coûte en temps et en patience. Je préfère enfouir mon talent…

J’ai le don de chanter, mais je ne le fais que lors des concerts ou des messes dominicales, par contre quand il s’agit d’enterrements, on ne me voit guère.

L’homme de la Parabole qui est dans ce cas de figure explique pourquoi il a enfoui son talent; c’est parce qu’il est en révolte vis-à-vis du Maître. Il ne lui fait pas confiance, il le trouve trop exigeant. Le Maître récolte là où il n’a pas semé… En fait, il estime que le Seigneur est trop gourmand… en matière d’âmes ; il veut toutes les âmes, même celles qui sont hors de son enclos…. Et il attend cette même soif des âmes chez ses serviteurs et servantes.

Pour conclure, tu ne veux pas chanter pour la gloire de Dieu ? Eh bien, il faudra que celui qui a le talent de faire le catéchisme chante aussi. On voit cela en France métropolitaine ou une seule personne en est réduite à tout faire. Parfois, c’est le prêtre qui nettoyer l’église, gérer la sacristie, choisir les chants et faire chanter… et, bien sûr, présider la messe. On alourdit sa charge, il a déjà les tâches liées à son ministère et on lui ajoute celles des personnes qui n’ont pas voulu exercer leurs talents. Malheureusement, la bonne volonté ne suffit pas toujours ; il arrive, par exemple, que le rossignol qui a le talent de chanter ne vienne pas remplir sa mission, alors le corbeau (qui a de la bonne volonté) se propose de le remplacer… c’est mieux que rien sans doute mais quel dommage pour la communauté !

Mgr Alain Ransay, évêque de Cayenne